Images et usages du peuple dans les littératures d’Afrique et de la diaspora
Colloque de l’APELA à l’université de l’Alcalà, 12-15 septembre 2017
Argumentaire :
Le « peuple » désigne, généralement, des couches sociales démunies aux contours indéfinis, aux identités mouvantes et corvéables à merci. Mot polysémique et polyvalent, « le peuple » est aussi perçu, entre autres dénominations, comme synonyme de populace, foule, masse anonyme, bas peuple, petit peuple, gens du peuple, ceux d’en-bas, basses classes et classes laborieuses. Dans les pratiques sociales comme dans les usages linguistiques, est dit « populaire » ce qui s’exclut du modèle élevé, à l’instar du parler non conventionnel rebelle au niveau de langue courant ou soutenu. Souvent associé aux marginaux, aux déclassés, aux laissés-pour-compte, le « peuple » est un sujet récurrent de l’histoire littéraire universelle, tout comme de la création littéraire et artistique d’Afrique et de la diaspora, de la période coloniale à nos jours. Dans toutes ces littératures, le peuple apparaît irréversiblement comme groupe subalterne et « communauté imaginée ». Hanté par un permanent désir d’émancipation, le peuple affronte dans un premier temps les colonisateurs, puis les élites, les classes dirigeantes, ou encore, les notables issus de la situation postcoloniale.
Le présent colloque international se propose d’explorer, sous diverses approches, le « peuple », en tant qu’entité dominée, communauté d’appartenance et de destin, ou encore, communauté imaginée, qui utilise la culture et les imaginaires populaires (Bakhtine) comme une mémoire de résistance et de dissidence. Dans l’ensemble, les objectifs de ce colloque sont de donner une esquisse de réponse, entre autres, aux questions suivantes : Quels sens du concept « peuple » ou des pratiques populaires traversent-ils les littératures d’Afrique et de la diaspora ? Quelles sont les multiples figures du « peuple » qui se dégagent de ces littératures ? Quelles en sont les images et les diverses formes de représentations littéraires et artistiques ? Quels en sont les usages politiques, idéologiques, culturels, voire, socioéconomiques dans les textes ? Quelles sont l’évolution et les variantes de la thématique du « peuple » et des dynamiques populaires ou populistes aux différentes périodes ou étapes de ces littératures ? Quelles sont les stratégies d’insoumission et d’insubordination, de subversion des couches sociales dominées, voire des peuples au sens d’ethnie ou de nation, dans les contextes de domination coloniale et postcoloniale? Comment attribue-t-on au populaire dominé les propriétés soit d’une identité-peuple garantie par l’origine, soit d’une identité métissée, celle-ci s’affichant à rebours de toute recherche d’appartenance « pure » ?
Les propositions de communications peuvent se structurer autour de l’un des quatre grands axes thématiques suivants :
Axe I – Images et usages du concept du « peuple » et du « populaire » : théories, discours, postcolonialité, subalternité et sociologie littéraire
– Le peuple : statuts, images, imaginaires, représentations, identités
– Le peuple, postcolonialité et subalternité
– Représentations et représentativité du peuple : mythes et réalités
– Logiques de domination (esclavage, colonisation, néo-colonisation, dictatures et autres violences postcoloniales) vs modes de résistance du peuple
– Utopies et émancipation des peuples: peuple réel/peuple rêvé/peuple imaginé, peuple exclu/peuple élu, peuple d’hier, d’aujourd’hui et de demain
– Genres, affranchissement des peuples et subversion féminine
– Écrivain/intellectuel du peuple : entre voix, imaginaires populaires, stratégies de légitimation, instances de médiation et de diffusion
– Le peuple comme « communauté imaginée » de l’ethnie, de la région, de la nation, de la « race » ou du « continent noir ».
Axe II – Focus : le peuple dans les littératures hispano-africaines, afro-hispaniques et afro-latino-américaines
– Images et usages du peuple dans les littératures africaines de langue espagnole
– Littératures hispanophones, francophones, anglophones et lusophones de la diaspora : convergences et divergences autour du « peuple »
– Imagination des peuples et des communautés : peuple transplanté/peuple nouveau/communauté à venir
– Diaspora et peuples afro-descendants : stigmatisations, récit et contre-récit des peuples transplantés
– Logiques d’assujettissement (esclavage, violences politiques et ethniques) vs stratégies de résistance ou d’insoumission (révolution, soulèvement, révolte, rébellion) du peuple
– Détours afro-caribéens et afro-brésiliens : créolisation, transculturation et métissage.
Axe III – Peuples, « communautés imaginées » et textes d’Afrique : jeux et enjeux
– Textes sur le peuple : statuts, genres et formes
– Textes et contextes des « communautés imaginées » : ethnies, races, nations
– Mise en écriture du peuple : versions, inversions et subversions
– Horizons de comparaison : « peuple », textes d’Afrique et de la diaspora
– Désignation et identification du « peuple » dans la littérature orale et dans la littérature en langues africaines
– Thématisation des figures sociales du peuple : paysan, ouvrier, artisan, musiciens ambulants, marginaux, exilés, etc.
– Usages idéologiques, politiques et socio-culturels du peuple : personnage du peuple, voix/voies du peuple, lieu du peuple, temps du peuple
– Formes de contestation et de désobéissance populaires: émeutes, grèves, insurrection
– Mouvements des peuples : migrations, sédentarisation, manifestations, organisations.
Axe IV – Croisée des arts : le peuple entre littératures, musiques, arts visuels et cinémas
– Images, usages et représentations du peuple dans les arts visuels et de la scène, la musique et le cinéma
– « Communautés imaginées » et approche comparée des arts et littératures
– Pratiques artistiques/rituels populaires d’insubordination et d’insoumission
– Discours de contestation et arts anti-hégémoniques des exclus
– Arts populaires, sous-cultures, dialogisme et renversement carnavalesque
– « Le peuple » dans le pop art africain et l’afro-futurisme.
D’autres lignes de réflexion sur les images et usages du « peuple » dans les littératures africaines et de la diaspora peuvent être abordées.
CALENDRIER
Date limite pour la soumission des propositions : 31 août 2016
Notification d’acceptation : au plus tard le 31 octobre 2016
Date limite de préinscription : 31 janvier 2017
Date limite d’inscription : 30 avril 2017
Colloque : mardi 12 – vendredi 15 septembre 2017
INSCRIPTION :
Membres de l’APELA : Gratuit Autres participants: Modalités à définir
INFORMATIONS PRATIQUES
Langues des communications et des démarches : français et espagnol
Déplacement et hébergement: Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des participants. L’organisation donnera des suggestions pour arriver à Alcalá de Henares ainsi que des suggestions d’hôtels (à Madrid et à Alcalá de H.).
COMITÉ SCIENTIFIQUE ET D’ORGANISATION
Marie-Rose ABOMO MAURIN (Université Yaoundé 1, Cameroun)
María Lourdes CARRIEDO LÓPEZ (Universidad Complutense de Madrid, Espagne)
Bernard DE MEYER (University of KwaZulu-Natal, Afrique du Sud)
Inmaculada DIAZ NARBONA (Universidad de Cádiz, Espagne)
Mar GARCIA (Universidad Autónoma de Barcelona, Espagne)
Maya G. VINUESA (Universidad de Alcalá, Madrid, Espagne)
Landry-Wilfrid MIAMPIKA (Universidad de Alcalá, Madrid, Espagne)
Valentina TARQUINI (Università di Roma III, Italie)
COORDINATION
Landry-Wilfrid MIAMPIKA (Universidad de Alcalá, Madrid, Espagne)
UNIVERSIDAD DE ALCALÁ
Fondée en 1499 par le Cardinal Cisneros, l’Université d’Alcalá (située à 30 kms de Madrid) est l’une des institutions d’enseignement supérieur les plus prestigieuses et les plus modernes d’Espagne. Ayant accueilli l’élite universitaire du Siècle d’Or (Quevedo, Lope de Vega, entre autres), elle a cependant connu une période difficile, entre 1836 et sa réouverture en 1977 pendant la transition démocratique. Inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1998, l’enseignement et la protection de la langue espagnole, avec le Prix Cervantes (le prix le plus important de langue espagnole), décerné chaque année par sa Majesté le Roi d’Espagne, constituent, entre autres valeurs, les signes de distinction de l’Université d’Alcalá.