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Association Pour l'Étude des Littératures Africaines

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28 septembre
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ChinAfrique programme

Journée d’étude organisée par l’APELA  (Association pour l’Étude des Littératures Africaines) et le CSLF (Centre des sciences des littératures en langue française)

Université Paris-Nanterre – Vendredi 13 novembre 2020

Programme

Organisateurs : Ninon Chavoz, Pierre Leroux, Florence Paravy

10 h – Accueil des participants et ouverture de la journée

10 h 15 – Chemins de traverse

10 h 15 : Stefania Cubeddu-Proux (Université Paris-Nanterre), « Dakar / Kinshasa en dialogue : la Chinafrique dans Congo Inc. Le testament de Bismarck de In Koli Jean Bofane et Demain si dieu le veut de Khadi Hane »

10 h 35 : Ninon Chavoz (Université de Mayence), « Croisements érotiques entre la Chine et l’Afrique : de Dai Sijie à Paul Kawczak »

10 h 55 : Discussion

11 h 05 : Pause

11 h 20 – Brazzaville, Pékin, Nairobi : les nouvelles routes de la soie

11 h 20 : Céline Gahungu, (Sorbonne Université) « Confluence : Henri Lopes et la Chine »

11 h 40 : Aurélie Journo (Université Sorbonne Paris Nord), « ‟An eternal sea unites our people”, la Chinafrique par l’océan dans The Dragonfly Sea (2019) d’Yvonne Adhiambo Owuor »

12 h : Mingqing Yuan (Bayreuth Universität) « ‟Selling World Power”: Authenticity and Ambiguity in China-Kenya Interactions »

12 h 20 : Discussion

12 h 30 – Pause-déjeuner

14 h – La Chinafrique de l’espace intermédiaire à l’espace intermédiatique

14 h : Alice Desquilbet (Université Paris 3 – Sorbonne nouvelle), « #Corniche Has Fallen. L’envers du décor de la coopération sino-congolaise contemporaine »

14 h 20 : Pierre Leroux (Université Paris 3 – Sorbonne nouvelle), « Héritages africains du ‟petit dragon” : réappropriations et réinterprétations du cinéma d’action hong-kongais »

14 h 40 : Catherine Benaïnous (EHESS), « Présences chinoises dans les industries du cinéma et de l’audiovisuel en Afrique »

15 h : Rui S. Verde (Université d’Oxford), « MCK. La Chine dans les paroles du rappeur le plus célèbre d’Angola : une déclaration politique claire »

15 h 20 : Discussion

15 h 30 : Fin de la journée d’étude

 

16 h – Assemblée générale annuelle de l’APELA

31 août
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Sommaire du n49 Tierno Monénembo

DOSSIER

Tierno Monénembo : écrire par « excès d’exil »

Textes réunis par Cécile Van Den Avenne

Introduction (Cécile Van Den Avenne)                                     7

La consécration à bas bruit d’un moissonneur de mémoire
(Claire Ducournau)                                                                15

Du fou romanesque à la « folle » écriture de
Tierno Monénembo (Adama Coulibaly)                                   33

Les parentés narratives dans l’œuvre de
Tierno Monénembo (Anthony Mangeon)                                  47

Transmettre le génocide des Tutsis au Rwanda : l’efficacité
de la fiction dans L’Aîné des orphelins (Virginie Brinker)             67

« Il devint un Romaincourtien » : histoire coloniale et
histoire régionale (Lydie Moudileno)                                       85

La Tribu des gonzesses : le théâtre d’un romancier, une
expérience marginale ? (Ramcy Kabuya)                                  99

« Il n’y a pas aventure plus improbable que la littérature » : entretien avec Tierno Monénembo (Cécile Van Den Avenne et Elara Bertho)                                                                   119

À propos des Écrits politiques d’Aimé Césaire

  • Aimé Césaire, orateur français (Daniel Delas) 133
  • Aimé Césaire, tribun martiniquais (Manuel Norvat) 138

Varias

  • Ousmane Sembène, 1956-1966 : s’octroyer une place dans le champ littéraire (Edoardo Cagnan) 141
  • Les sept solitudes de l’encyclopédiste : propositions sur la polymathie en contexte francophone africain (Ninon Chavoz) 157
  • Médecins et maladies dans les romans africains de Paule Constant (Corinne Grenouillet) 171
  • Rewriting Antiquity : Saint Augustine as Mnemonic Figure in Francophone Texts of the Maghreb
    (Claudia Gronemann) 189
  • « Deux moi dissociées » : la folie comme espace de négociation dans Pagli d’Ananda Devi
    (Alexandra Stewart) 205

Comptes rendus

  • Bonn (C.), Littérature algérienne : itinéraire d’un lecteur (D. Ranaivoson)        219
  • Caminero-Santangelo(B.), Different Shades of Green (X. Garnier)      221
  • Cissé (I.), Léon-Gontran Damas et le défi de vivre (D. Delas)                     224
  • Cornille(-L.), Lémures : hantologie de la littérature malgache en français (D. Ranaivoson)     226
  • Cosker(C.), L’Invention de Mayotte ( de Meyer)           228
  • Delavignette(R.), Mémoires d’une Afrique française : texte inédit (K. Aggarwal)         230
  • Diène (B.) et al., Henri Lopes, une écriture de butinage (S. Le Moigne-Euzenot)      232
  • Dumontet(D.) et al., dir., Les Lieux d’oubli de la francophonie (N. Chavoz)           234
  • Durand(O.), Vertiges, suivi de Pharaud (H. et P.), Pellobélé, gentilhomme soudanais (C. Van Den Avenne)        237
  • Hassan(I.), éd., Moïse l’Africain (E. Bertho)                   240
  • Iheka(C.), Naturalizing Africa (X. Garnier)                    242
  • Lebdai(B.), dir., L’Afrique et ses littératures ou le trauma en narration ( de Meyer)      245
  • Leguy (C.), dir., L’Expression de la parentalité dans les arts de la parole en Afrique ( Walther) 248
  • Le Lay(M.), Mirlesse (A.), éd., “Au-dessous du volcan” : rencontres littéraires de Goma ;
    Le Lay (M.), Ranaivoson (D.), éd., Chroniques des Grands Lacs (P. Halen)                     250
  • Le Quellec Cottier(C.), « Le Terroriste noir » de Tierno Monénembo (A. Mangeon)                                      253
  • Lüsebrink(H.-J.), Moussa (S.), dir., Dialogues interculturels à l’époque coloniale et postcoloniale (H. Ibrahim)                                                                 255
  • Ndiaye(B.), La Souffrance : une clef de lecture pour l’œuvre romanesque de Mariama Bâ (T. De Raedt)               258
  • Nirina(E.), Œuvres complètes ( De Meyer)                    260
  • Owono-Kouma (A.), Les Essais et les romans de Mongo Beti (K. Aggarwal) 262
  • Rabearivelo(J.-J.), Œuvres complètes. 1. L’Interférence (D. Ranaivoson)         263
  • Repinecz (J.), Subversive Traditions (J. Jansen)                  267
  • Sari (L.), dir., Enfants de guerre; Sari (L.M.), dir., Images et imaginaire de l’identité / altérité (K. Ferreira-Meyers)                                                     271
  • Schill (P.), éd., Réveiller l’archive d’une guerre coloniale (E. Bertho) 274
  • Tuquoi(J.-P.), Oubangui-Chari : le pays qui n’existait pas (F. Schurmans)      277
  • Warner(T.), The Tongue-Tied Imagination (A. Chaudemanche)                            281

Revues

  • Africa e Mediterraneo, n°89 (Libri in Africa, libri d’Africa) (M. Caporale) 283
  • Legs et littérature, n°12 (Littératures et francophonies) (G.M. Vokeng Ngnintedem) 285

Thèses soutenues en 2019

  • Sylvie Bodineau (Laval)                                        289
  • Maxwell Kelvin Dziko Chilembwe (Univ. du KwaZulu-Natal) 289
  • Amadou Diarra (Félix Houphouët-Boigny)             290
  • Carla Figueiras Catoira (Universidade de Santiago de Compostela) 291
  • Métou Kané (Alassane Ouattara de Bouaké)            291
  • Amewonou Kokou (de Lomé)                              292
  • Kombila Milunda (Univ. de Lorraine) 293
  • Yendifimba Dieudonné Louari (Ouaga I)                294
  • Aurélia Mouzet (Paris Nanterre)                          294
  • Rocío Munguía Aguilar (de Strasbourg)                295
  • Farid Namane (Univ. de Lorraine)     296
  • Cherif Sadaoui (Paris 13)                                      297
  • Alexandra Stewart (Univ. du KwaZulu-Natal) 297

 

15 janvier
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Sommaire du n48 Presse et littérature africaines

DOSSIER

Presse et littérature africaines

Textes réunis par Claire Ducournau

Presse et littérature africaines : des relations multiformes aux chantiers de recherche (Claire Ducournau)                     7

Prises de parole littéraires dans l’espace public colonial

Le Bulletin de l’enseignement de l’A.O.F. : contraintes et potentialités créatives du paternalisme pédagogique colonial (Hans-Jürgen Lüsebrink)                                       25

Du disciple à l’écrivain : Paul Hazoumé dans La Reconnaissance africaine de Francis Aupiais
(Kusum Aggarwal)                                                            39

Little magazines et réseaux littéraires en Afrique de l’Est

World literature, Kampala 1961-1968 : literary circulation in Transition (Erik Falk)                                   55

Brouiller les frontières génériques et bousculer les hiérarchies littéraires au Kenya. La revue Kwani? entre presse et littérature (Aurélie Journo)                                 73

Le rôle ambivalent de la presse dans la construction des carrières littéraires

Écrire pour la presse : un tremplin pour les écrivains ? Le cas de Madagascar (Dominique Ranaivoson)                    99

In search of « camerounité » : on the reappropriation of emigrant authors in the Cameroonian press (Clara Schumann)                                                            115

Approches poétiques de textes journalistiques et littéraires

Presse et théâtre au Bénin : dynamiques relationnelles et répercussions scripturales (Fernand Nouwligbèto)          133

Les écrits journalistiques de Boubacar Boris Diop : un métadiscours sur la littérature africaine (Serigne Seye )      149

 

À propos des Hussards noirs de la colonie

  • Perspectives littéraires des « petites patries »
    et de leurs archives (Alice Chaudemanche) 165
  • Les acteurs africains de la « bibliothèque coloniale » :
    écrits, imaginaires et coproduction des savoirs
    (Ophélie Rillon) 170
  • Cécile Van Den Avenne) 174

Varias

  • Adaora Ulasi : deux univers parallèles et un dialogue
    de sourds (Françoise Ugochukwu) 177
  • La mondialité de la langue française dans les manifestes « francophones » (Laude Ngadi Maïssa) 193
  • Les écrivain·e·s nigérian·e·s de la troisième génération
    et la construction identitaire (Bildung) : panorama du
    roman nigérian depuis les années 2000
    (Cédric Courtois) 207

Comptes rendus

  • Asholt(W.), Gauvin (L.), dir., Assia Djebar et la
    transgression des limites linguistiques, littéraires
    et culturelles
    (M. Sellès-Lefranc)                                      223
  • Barrière(M.), Le Monde noir : roman sur l’avenir des
    sociétés humaines
    (N. Chavoz)                                          224
  • Benarab(A.), Colonialisme et résistance : anthropologie
    africaine et littérature afro-américaine
    (C.W. Scheel)          227
  • Bertho(E.), Sorcières, tyrans, héros : mémoires
    postcolonialesde résistants africains
    (M. Cellier)                   229
  • Bisanswa(J.K.), Pour Ahmadou Kourouma : (en)jeux et
    ambivalence de la fiction
    (D. Delas)                                  231
  • Cassiau-Haurie(C.), Histoire de la bande dessinée au
    Cameroun
    (K. Aggarwal)                                                 233
  • Césaire(A.), Journal of a Homecoming (G. Sofo)               235
  • Combeau-Mari(É.), dir., Les Voyageuses dans l’océan
    Indien : xixe – première moitié du xxe siècle. Identités et
    altérités
    (D. Ranaivoson)                                                 239
  • Diagne(I.), Lüsebrink (H.-J.), dir., L’Intertextualité
    dans les littératures sénégalaises : réseaux, réécritures,
    palimpsestes
    (W. Kangulumba Munzenza)                          241
  • Dickow(A.), Malela (B.), dir., Albert Camus,
    Aimé Césaire : poétiques de la révolte
    (M. Sellès-Lefranc)     243
  • Durand(O.), Terre noire. Suivi de Les industries
    locales du Fouta
    (P. Halen)                                              245
  • Jişa(S.) et al., dir., Littérature et politique en Afrique :
    approche transdisciplinaire
    (B. Lebdai)                               248
  • Kamoka(D.), Des métaphores obsédantes mabanckouistes
    au Mythe du Nord
    (M. do Carmo Botaro)                          251
  • Leperlier(T.), Algérie, les écrivains dans la
    décennie noire
    (D. Ranaivoson)                                         253
  • Loimeier(M.), Literaturen aus Afrika : Aufbruch in ein
    neues Selbstbewusstsein
    (P. Boizette)                                  264
  • McGiffin(E.), Of Land, Bones and Money : towards
    a South African Ecopoetics
    (X. Garnier)                              265
  • Miller(C.L.), Impostors, Literary Hoaxes and Cultural
    Authenticity
    (N. Chavoz)                                                 267
  • Naudillon(F.), Diouf (M.), dir., Spatialités
    littéraires et filmiques francophones : nouvelles perspectives
    (M. Arnold)   271
  • Puig(S.), Littérature urbaine et mémoire postcoloniale
    (F. Vilar)                                                                      275
  • Soyinka(W.), De l’Afrique et autres essais
    (C. Owono Zambo)                                                       278
  • Turpin(F.), Jacques Foccart : dans l’ombre du pouvoir (D. Ranaivoson) 280
  • Vettorato(C.), Poésie moderne et oralité dans les
    Amériques noires : diaspora de voix
    (P. Leroux)                    282

Revues

  • Africultures, n°105 (D. Boulanger) 283
  • French Studies in Southern Africa / Études françaises en
    Afrique australe
    , n°48 (D. Ranaivoson) 286
  • Nka : Contemporary African Art, n°42-43 (N. Chavoz) 287
  • Nouvelles études francophones, vol. 33, n°1 (P. Halen) 289

Notes bibliographiques

  • Da Piedade(I.), Edjangué (J.-C.), dir., Conakry
    cité du livre
     ; Doumbouya (O.S.) et al., dir., Conakry
    terre africaine du livre
    (E. Bertho)                                     292
  • Lopes(H.), Il est déjà demain (P. Halen)                         292

 

 

09 septembre
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ChinAfrique

Perspectives littéraires et artistiques sur la Chinafrique

 Journée d’étude de l’APELA 2020

Organisée en collaboration avec l’Observatoire des Écritures françaises et francophones contemporaines (CSLF, Paris-Nanterre)

Lieu : Université Paris-Nanterre

Date : 25 septembre 2020

Si les relations commerciales entre la Chine et l’Afrique remontent au moins aux expéditions de l’amiral Zheng He (1371-1433), c’est véritablement dans les années 2000 que la présence chinoise sur le continent africain s’est développée de manière exponentielle. L’entrée remarquée de la Chine dans l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001 est ainsi précédée par la tenue à Pékin de la première édition du forum sur la coopération sino-africaine (octobre 2000). Qu’il soit perçu comme une forme d’entraide entre les pays du « Sud » ou au contraire comme un nouvel avatar de l’impérialisme[1], ce phénomène, souvent considéré comme l’indice d’une nouvelle phase de la mondialisation, a suscité une abondante couverture médiatique et une riche littérature spécialisée. Nombreux sont les travaux qui se sont attachés à mettre en lumière les termes d’un échange censé se révéler mutuellement bénéfique, puisque le drainage des matières premières africaines et l’investissement de nouveaux marchés serait consenti en échange de la construction d’infrastructures ou d’aides ciblées. Le néologisme « Chinafrique », construit sur le modèle de la « Françafrique », résume bien les enjeux de ces recherches contemporaines qui conjuguent perspectives économiques et géopolitiques.

Selon ces travaux récents, le recul des puissances européennes et l’estompement de la logique bipolaire qui prévalait durant la Guerre Froide auraient laissé place à l’avènement d’un véritable « Far West chinois[2] ». Recouvrant l’Afrique anglophone autant que francophone, celui-ci contribue au gommage des frontières coloniales tout en renouant avec des dynamiques impérialistes anciennes. L’intervention chinoise en Afrique suppose en effet à la fois l’entretien d’échanges asymétriques et la projection à plus ou moins long terme dans un destin commun, dont la représentation devient un sujet récurrent des romans de science-fiction[3]. Pour Ibrahima Soumah, ancien membre du gouvernement guinéen, la « chinisation » de l’Afrique est ainsi prétexte à l’écriture d’un « roman d’économie-fiction » qui met en scène l’exploitation économique et militaire du continent avant d’envisager l’issue heureuse qu’autorise la formation d’un couple mixte[4]. L’hypothèse littéraire d’un métissage sino-africain n’a à ce titre rien d’un hapax : elle intervient déjà dans Le Lys et le flamboyant d’Henri Lopes ou, sous la forme travestie d’une hantise de la reproduction, dans l’évocation que livre Dai Sijie des frasques chirurgicales de l’empereur Zheng De[5].

Au-delà de ces formes somme toute classiques de « branchement[6] », l’une des caractéristiques remarquables de la relation sino-africaine réside dans sa triangulation : non contente d’impliquer les deux partenaires de l’échange, elle met également en jeu les anciennes puissances coloniales, au premier rang desquelles se situe la France[7]. Elle nourrit à ce titre un discours diplomatique et scientifique, qui n’est exempt ni de jugements de valeur ni d’investissements affectifs face à l’inquiétante perspective d’un impérialisme d’un nouveau genre, volontiers présenté comme dépourvu de « limites mentales[8]». Là où l’Occident humanitaire serait demeuré prisonnier d’histoires « dérivées du Cœur des ténèbres [9]», le soft power chinois ouvrirait ainsi en Afrique une brèche de liberté, dont la matrice littéraire demeure en construction.

Il peut à ce titre paraître surprenant que les études publiées à ce jour n’aient accordé qu’une place congrue aux effets de la relation sino-africaine sur les imaginaires. En concentrant l’attention sur des productions littéraires, plastiques et cinématographiques, la présente journée se fixe comme objectif de pallier cette lacune. Les textes commentés pourront émaner aussi bien du champ de la littérature institutionnellement reconnue que de ce que Bernard Mouralis appelait dès 1975 les « contre-littératures[10] ».

Dans le souci de mettre en évidence des « regards croisés » sur la Chinafrique, seront en priorité retenues des propositions relatives à la vision de l’Afrique en Chine[11] et à la vision de la Chine et des Chinois en Afrique. La prise en compte de la triangulation de la relation sino-africaine, perçue depuis l’Europe ou l’Amérique, pourra également justifier le détour par des textes et des œuvres d’auteurs ou d’artistes européens et américains.

 

Trois axes de réflexion majeurs peuvent être dégagés :

 

  • Néocolonialisme et « littératures de l’extraction ». Comment la Chinafrique participe-t-elle d’une littérature mondiale, voire mondialisée ? Les textes récents consacrés à la relation sino-africaine, à l’exemple de Congo Inc. d’In Koli Jean Bofane, font volontiers de la présence chinoise l’indice narratif et formel d’une circulation accrue des matériaux, des informations et des hommes. L’espace mondialisé de la Chinafrique peut cependant aussi se concentrer et se réduire au gouffre mortifère de la mine, photographiée, entre autres, par Sammy Baloji. Tidiane N’Diaye dans le domaine de l’essai, Fabrice Loi et Mukaka Chipanta dans le champ de la fiction, Hubert Sauper au cinéma, dénoncent ainsi une colonisation nouvelle. Celle-ci semble d’autant plus insoutenable qu’elle serait insidieuse et prédatrice pour l’environnement soumis à un extractivisme sans limite. Quel commentaire critique la littérature et les arts sont-ils en mesure d’offrir sur le nouvel ordre économique et écologique du monde ?
  • Imaginaires culturels : stéréotypes et empowerment. Dans quelle mesure la relation sino-africaine permet-elle l’émergence de nouvelles figures littéraires et artistiques ? En quoi la Chinafrique nourrit-elle le dépassement ou au contraire le renforcement des stéréotypes[12]? La relation sino-africaine pose indubitablement à nouveaux frais la question de la représentation de l’Autre : tandis qu’une publicité chinoise pour de la lessive reprenait fidèlement il y a peu des antiennes racistes bien connues en Europe[13], l’artiste Hua Jiming se livrait en 2010 à une performance remarquée, destinée à dénoncer les représentations récurrentes des Chinois en Afrique[14]. L’une des figures les plus remarquables dans cet imaginaire est sans doute celle du maître en arts martiaux, exemplairement incarné par Bruce Lee : portée à l’écran par un sosie dans un film du Camerounais Alphonse Beni, cette figure est évoquée entre autres par Dieudonné Niangouna[15] et Alain Mabanckou[16] dans leurs souvenirs d’enfance. Il ne fait aucun doute qu’une telle prédilection pour des héros non occidentaux contribue à la densification des circulations culturelles, voire à l’émergence de nouvelles formes plastiques et littéraires. Quel rôle assigner à ces figures aussi héroïques qu’exotiques ?
  • Du tiers-mondisme au futurisme : diachronie de la relation sino-africaine. Avant qu’elle ne se décline sous la forme capitaliste de la « Chinafrique », voire de la dystopie extractiviste, la relation sino-africaine a d’abord été conçue dans le cadre d’une solidarité tiers-mondiste. Si elle est aujourd’hui économique et volontiers tournée vers l’anticipation d’un futur plus ou moins lointain, cette relation a d’abord été diplomatique, inscrite dans le contexte historique de la conférence de Bandung et de l’émergence du Tiers-Monde. Son évocation littéraire revêt à ce titre une dimension mémorialiste et engagée, dont on trouve l’écho dans les textes contemporains. Comment la littérature et les arts contribuent-ils à inscrire la relation sino-africaine dans une temporalité longue, qui court de l’époque maoïste aux domaines plus ou moins lointains de la science-fiction ?

 

Les propositions de communication (300 mots maximum) accompagnées d’une brève bio-bibliographie sont à adresser avant le 1er mars 2020 aux trois adresses suivantes : ninon.chavoz@gmail.com ; pierr.leroux@gmail.com et fparavy@yahoo.fr

Bibliographie indicative

Fiction

  • Aanza (Sinzo), Généalogie d’une banalité, La Roque d’Anthéron, Vents d’Ailleurs, coll. Fragments, 2015.
  • Bofane (In Koli Jean), Congo Inc. Le testament de Bismarck, Arles, Actes Sud, 2016.
  • Bulawayo (NoViolet), We need new names, London, Vintage Books, 2013.
  • Chipanta (Mukaka), A Casualty of Power, Harare, Weaver Press, 2016.
  • Gauz, Camarade Papa, Paris, Le Nouvel Attila,
  • Grand (Emmanuel), Kisanga, Paris, Liana Levi, 2018.
  • Hartmann Ivor, AfroSF : science fiction by African writers, [SL], Story Time, 2012 (t. 1), 2015 (t. 3), 2018 (t. 3).
  • Kwahulé (Koffi), Nouvel an chinois, Paris, Zulma,
  • Loi (Fabrice), Le Bois des Hommes, Clermont-Ferrand, Éditions Yago, coll. Ciel ouvert, 2011.
  • Lopes (Henri), Le Lys et le flamboyant, Paris, Le Seuil, 1997.
  • Mankell (Henning), Le Chinois, Paris, Seuil, 2011.
  • Niangouna (Dieudonné), Le Kung Fu, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014.
  • Robin-Gazsity (Vincent), Enfermé à Libreville. Sept jours en Chinafrique, Paris, L’Harmattan, Écrire l’Afrique, 2017.
  • Sijie (Dai), L’Acrobatie aérienne de Confucius, Paris, Flammarion, 2009.
  • Soumah (Ibrahima), L’Afrique un continent en voie de « chinisation ». Roman d’économie-fiction, Paris, L’Harmattan, 2018.

Récits autobiographiques

  • Diakité (Mory Mandiana), De la savane africaine en Chine populaire : l’étrange parcours d’un Peuhl du Wassolon, Dakar, L’Harmattan Sénégal, 2018.
  • Joris (Lieve), Sur les ailes du dragon : voyages entre l’Afrique et la Chine, Arles, Actes Sud,
  • Kitoko (Ghislain Gaston), Les Mémoires d’un Africain en Chine : depuis 1985, Paris, La Pensée Universelle, 1994.
  • Lopes (Henri), Il est déjà demain, Paris, Jean-Claude Lattès, 2018.
  • Mabanckou (Alain), Lumières de Pointe Noire, Paris, Le Seuil, 2013.
  • Sanmao, Diarios del Sàhara, [1976], traduit du chinois (Taiwan) par Irene Tor Carroggio, Barcelona, Rata, 2016.

Essais et articles

  • Banham (Martin), Gibbs (James) & Osofisa (Femi), China, India and the Eastern World, Woodbridge, James Currey, 2016.
  • Batchelor (Kathryn ) & Zhang (Xiaoling ), eds.,China-Africa Relations. Building Images through Cultural Cooperation, Media representation, and Communication, Londres, Routledge, 2017.
  • Beuret (Michel ) & Michel (Serge), La Chinafrique: Pékin à la conquête du continent noir [2008], nouvelle édition augmentée, Paris, Hachette Littératures, 2009.
  • Brautigam (Deborah), The Dragon’s Gift: the Real Story of China in Africa, Oxford, Oxford University Press, 2009.
  • Buchalet (Jean-Luc) & Prat (Christopher), Le futur de l’Europe se joue en Afrique, Paris, Eyrolles, 2019.
  • Courmont(Barthélémy), Chine, la grande séduction. Essai sur le soft power chinois, Paris, Choiseul, 2009.
  • Desai (Gaurav), , « Asian African Literatures: Genealogies in the Making », Research in African Literatures, Vol. 42, n°3, 2011, p. v-xxx.
  • Gilbert (Catherine), « Chinese literature in Africa: meaningful or simply ceremonial? », The Conversation, 17 novembre 2016 [en ligne]. URL : http://theconversation.com/chineseliterature-in-africa-meaningful-or-simply-ceremonial-63416
  • Malaquais (Dominique) & Khouri (Nicole), , Afrique-Asie : arts, espaces, pratiques, Mont-Saint-Aignan, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2016.
  • N’Diaye (Tidiane), Le jaune et le noir : enquête historique, Paris, Gallimard, coll. Continents Noirs,
  • Richer (Philippe), L’Afrique des Chinois [L’offensive chinoise en Afrique, 2008], préface de Jean-Luc Domenach, nouvelle édition revue et enrichie, Paris, Karthala, coll. Les terrains du siècle, 2012.
  • Van Reybrouk (David), Congo: une histoire, Arles, Actes Sud, 2014.

Filmographie 

  • Beni (Alphonse), Cameroon Connection (1984)
  • Bing (Tan), China Salesman (2017)
  • Ho (Godfrey), Black Ninja / Ninja Silent Assassin (1987)
  • Jing (Wu), Wolf Warrior 2 (2017)
  • Michel (Thierry), Katanga Business (2009)
  • Sauper (Hubert), Nous venons en amis (2015)
  • Védrine (Laurent), Kinshasa Beijing Story (2010)

 

[1] Voir à ce sujet N’Diaye (Tidiane), Le jaune et le noir : enquête historique, Paris, Gallimard, collection Continents Noirs, 2013.

[2] Voir à ce sujet Michel (Serge) et Beuret (Michel), La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir, [2008], nouvelle édition augmentée, Paris, Hachette Littératures, 2009.

[3] Voir à ce sujet, entre autres, les trois tomes de l’anthologie « AfroSF » édités par Ivor Hartmann.

[4] Soumah (Ibrahima), L’Afrique un continent en voie de « chinisation ». Roman d’économie-fiction, Paris, L’Harmattan, 2018.

[5] Sijie (Dai), L’Acrobatie aérienne de Confucius, Paris, Flammarion, 2009.

[6] Amselle (Jean-Loup), Branchements : anthropologie de l’universalité des cultures, Paris, Flammarion, 2001.

[7] Brautigam (Deborah), The Dragon’s Gift. The Real Story of China in Africa, Oxford, Oxford University Press, 2009 ; voir notamment le chapitre : “Beijing versus Paris”, p. 132 sq.

[8] Voir Michel (Serge) et Beuret (Michel), op. cit, p. 60.

[9] Ibid.

[10] Voir Mouralis (Bernard), Les Contre-littératures, [1975], Paris, Hermann, 2011.

[11] Voir notamment Sanmao, Diarios del Sàhara, traduit du chinois (Taiwan) par Irene Tor Carroggio, Barcelona, Rata, 2016 [première édition en chinois : 1976].

 

[12] Voir Amossy (Ruth) et Herschberg-Pierrot (Anne), Stéréotypes et clichés : langue, discours, société, Paris, Armand Colin, 2016.

[13] Voir à ce sujet Lepidi (Pierre), « En Chine, une pub violente révèle un racisme ordinaire envers les Noirs », Le Monde, 27 mai 2016 : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/05/27/en-chine-une-pub-raciste-qui-passe-les-noirs-a-la-machine_4927740_3212.html

[14] Voir à ce sujet Simbao (Ruth), « Walking into Africa in a Chinese Way : Hua Jiming’s Mindful Entry as Counterbalance », in Malaquais (Dominique) et Khouri (Nicole), dir., Afrique-Asie : arts, espaces, pratiques, Rouen, Presses universitaires de Rouen et du Havre, 2016, p. 193-211.

[15] Niangouna(Dieudonné), Le Kung Fu, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2014.

[16] Mabanckou (Alain), Lumières de Pointe Noire, Paris, Seuil, 2013, p. 168-169.

07 août
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Sommaire du 47 – Awa / Leonora Miano

DOSSIER
Awa : la revue de la femme noire

Textes réunis par Claire Ducournau
Awa : la revue de la femme noire, entre presse et littérature
(Claire Ducournau) 7
Awa ou la difficile équation du féminin africain
(Marie-Ève Thérenty) 11
Joseph Zobel, d’Awa à Présence africaine : histoire et
géographies (imaginaires) d’une publication noire
(Laure Demougin) 27
« Boîte à lettres » et signatures : l’auctorialité partagée des femmes dans Awa (Claire Ducournau) 43

 

DOSSIER
Léonora Miano – Déranger le(s) genre(s)
Textes réunis par Marjolaine Unter Ecker et Catherine Mazauric
Présentation (Catherine Mazauric) 63
Les mauvaises mères dans Femme nue, femme noire de Calixthe Beyala et Contours du jour qui vient de Léonora Miano (Marion Coste) 67
Reading « Hairstories » and « Hairitages » in Léonora Miano and Rokhaya Diallo’s Works (Johanna Montlouis-Gabriel) 85
Réseaux de genres : relationnalité et intersectionnalité dans Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie et Blues pour Élise de Léonora Miano (Constance Vottero) 101
Africana womanism et homosexualité dans Crépuscule du tourment 1 de Léonora Miano (Vanessa Ndi Etondi) 117
Léonora Miano et Virginie Despentes : lectures croisées des masculinités « désaxées » (Marjolaine Unter Ecker) 131
La masculinité à travers l’Atlantique : enjeux identitaires et musicaux dans Crépuscule du tourment 1 et 2 de Léonora Miano (Thomas Murray) 147
L’intermédialité dans l’art romanesque de Léonora Miano (Chloé Vandendorpe) 163

Comptes rendus
• Amuta (C.), Theory of African Literature : Implications for Practical Criticism (K. Ferreira-Meyers) 179
• Allouache (F.), Archéologie du texte littéraire dit « francophone », 1921-1970 (P. Suter) 182
• Bornand (S.), Derive (J.), dir., Les Canons du discours et la langue : parler juste (X. Garnier) 185
• Bourse (A.), Le Métis, une identité hybride ? (M. Cellier) 187
• Bowd (G.), La Double Culture de Jean-Joseph Rabearivelo : entre Latins et Scythes (B. De Meyer) 189
• Chalaye (S.), Corps marron : les poétiques de marronnage des dramaturgies afro-contemporaines (S. Le Moigne-Euzenot) 191
• Comberiati (D.), Luffin (X.), ed., Italy and the Literature from the Horn of Africa (M. Caporale) 193
• Delas (D.), dir., La Question de l’intime. Génétique et biographie (D. Ranaivoson) 194
• Demaison (A.), Mille (P.), La Femme et l’homme nu (P. Halen) 196
• Diallo (M.), Le Concept et le roman (T. Dia Touré) 199
• Fair (L.), Reel Pleasures : Cinema Audiences and Entrepreneurs in Twentieth-Century Urban Tanzania (N. Carré) 201
• Faye-Diagne (K.F.), Le Marronnage comme essai d’esthétique littéraire négro-africaine contemporaine (M. Cellier) 203
• Gahungu (C.), Sony Labou Tansi : naissance d’un écrivain (A. Desgranges) 205
• Galle (É.), Connaître Wole Soyinka (F. Lhote) 206
• George (O.), African Literature and Social Change : Tribe, Nation, Race (T. De Raedt) 208
• Gnaléga (R.), Regard kaléidoscopique sur la poésie ivoirienne écrite (D. Ranaivoson) 210
• Idiatha (W.), La Rhétorique du lecteur modèle (B. De Meyer) 211
• Igo Diarra (L.), dir., Médina. Au cœur de Bamako (E. Bertho) 213
• Kangulumba Munzenza (W.), Une esthétique dans le cri (A. Desquilbet) 215
• Kaoze (S.), Œuvre complète (F. Schurmans) 218
• Krishnan (M.), Writing Spatiality in West Africa (X. Garnier) 222
• Laborie (J.-C.), Moura (J.-M.), Parizet (S.), dir., Vers une histoire littéraire transatlantique (S. Woodward) 225
• Loimeier (M.), Ngũgĩ Ngwa Thiong’o (P. Leroux) 228
• Lüsebrink (H.-J.) et al., dir., Médecins-écrivains français et francophones (N. Chavoz) 229
• Malouet (P.-V.), Mémoire sur l’esclavage des nègres (M. do Carmo Botaro) 232
• Maran (R.), Nouvelles africaines et françaises, inédites ou inconnues (P. Halen) 234
• Panaïté (O.), The Colonial Fortune in Contemporary Fiction in French (N. Chavoz) 238
• Parisot (Y.), Regards littéraires haïtiens (L. Ngadi Maïssa) 241
• Pope (J.), Émancipation et création poétique (F. Vilar) 243
• Roch (A.), Le Marronnage dans la littérature caribéenne (R. Munguía Aguilar) 244
• Roche (C.), Léopold Sédar Senghor, le président humaniste (W.H. Otata) 246
• Roumain (J.), Œuvres complètes (L. Pestre de Almeida) 248
• Scheel (C.W.), La Forge de Zobel (O. Touzet) 251
• Souny (W.), Warsan Shire : une voix poétique féminine de la diaspora somalienne (T. Solis) 253
• Tchouaffe (J.-O.), Passion of the Reel : Cinematic versus Modernist Political Fictions in Cameroon (K. Aggarwal) 255

 Revues
• African Literature Today, n°36 (M. Unter Ecker) 256
• Cahiers de Littérature Orale, n°82 (R. Munguía Aguilar) 258
• Présence Francophone, n°88 (D.E. Semaane) 260

 Thèses soutenues en 2018
• Alexandre Calvanese (Università di Pisa) 263
• Anne M. Carovani (Humboldt-Universität zu Berlin) 263
• Christophe Cosker (Univ. de Bretagne Occidentale) 264
• Laure Demougin (Univ. Paul-Valéry Montpellier iii et Univ. Laval (Québec) 265
• Tétuan Faho (Univ. Ouaga i Pr Joseph Ki Zerbo) 266
• Laura Gauthier Blasi (Universidad de Alcalá) 266
• Abdoulaye Kouago (Univ. de Maroua-Cameroun) 268
• Alice Lefilleul (Univ. Paris 3 – Sorbonne Nouvelle et Univ. de Montréal) 268
• Marthe Prisca Letsetsengui (Univ. de Strasbourg) 269
• Jean Christian Mboussou Mananga (Univ. Marien Ngouabi) 270

01 février
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Sommaire du n°46 Qui a peur de la littérature wolof

DOSSIER

Qui a peur de la littérature wolof ?

Textes réunis par Rémi Armand Tchokothe

Présentation
(Rémi Armand Tchokothe)                                                      9

Introduction à l’œuvre littéraire de Boubacar Boris Diop :
du français au wolof (Papa Samba Diop)                                   19

Bàmmeelu Kocc Barma de Boubacar Boris Diop ou comment
écrire un roman postmoderne en wolof (Serigne Seye)             31

Peut-on se baigner deux fois dans le même fleuve ?
À propos de l’auto-traduction de Doomi Golo par
Boubacar Boris Diop (Ousmane Ngom)                                   45

Une saison en wolof (Alice Chaudemanche)                             59

Boubacar Boris Diop et ses publics, entre français et wolof, ancrage local et internationalisation de l’œuvre
(Nathalie Carré)                                                                    73

Mettre sa langue à la première place : entretien avec
Boubacar Boris Diop (réalisé par Fatoumata Seck)                     91

« L’Histoire est un éternel recommencement, et presque
toujours pour le pire » : entretien avec Boubacar Boris Diop (réalisé par Rémi Armand Tchokothe)                                   107

À propos de Lilyan Kesteloot
(coord. Mammadou Ba)

  • Lilyan Kesteloot, une pionnière à l’Université de Dakar
    (Amadou Ly) 113
  • Lilyan Kesteloot, la pioche jusqu’au bout…
    (Felwine Sarr) 117
  • Cogito ergo xalat (Lilyan Kesteloot) 118
  • Recommencer la fin du monde… ?
    (Boubacar Boris Diop) 120

À propos de La Fabrique des classiques africains
de Claire Ducournau (coord. Tristan Leperlier)

  • La classicisation africaine et ses structures
    antinomiques (Paul Dirkx) 127
  • Décrypter les insuffisances des catégorisations littéraires
    ou la persistance d’une fabrique de l’altérité
    (Virginie Brinker) 132
  • De l’espace littéraire africain aux portes de la
    littérature mondiale (Isaac Bazié) 136

Varias

  • Antigone sous les soleils d’Afrique : trois exemples
    d’adaptation (Donato Lacirignola) 141
  • « Rira bien, tu riras le damné » : jeux de mots et enjeu
    des mots dans Za de Raharimanana (Giuseppe Sofo) 159

Comptes rendus

  • Achille (É.), Moudileno (L.), Mythologies
    postcoloniales
    (E. Bertho)                                                175
  • Blanchon (K.), dir., Mémoires et identités au cinéma
    (P. Saveau)                                                                   177
  • Bridet (G.) et al., éd., Dynamiques actuelles des
    littératures africaines
    (A. Gaulier)                                     181
  • Cacchioli (E.), Relectures du mythe d’Antigone dans
    les littératures extra-européennes
    (C. Ngo Mode)                  183
  • Corcoran (P) et al., dir., Les Soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma : une longue genèse (F. Paravy) 185
  • Coulibaly (A.), Le Postmodernisme littéraire et sa
    pratique chez les romanciers francophones en Afrique noire
    (B. De Meyer)                                                              188
  • Cukierman (L.) et al., dir., Décolonisons les arts !
    (M. Unter Ecker)                                                          190
  • Diop (D.), Rhétorique nègre au xviiie siècle (C. Parfait)        191
  • Higginson, Scoring race : Jazz, Fiction and
    Francophone Africa
    (P. Leroux)                                        195
  • Kalinowska (E.), Diseurs de vérité : conceptions et enjeux
    de l’écriture engagée dans le roman africain de langue française
    (I. Zatorska)       196
  • Lagarde (F.), Colonialisme et révolution : histoire du
    Rwanda sous la Tutelle.
     1 (P. Halen)                            198
  • Le Quellec Cottier (C.), Wyss (I.), dir., Voir et lire
    l’Afrique contemporaine
    (C. Mazauric)                               201
  • Malzner (S.), Peiter (A.), dir., Der Träger : Zu
    einer « tragenden » Figur der Kolonialgeschichte
    (N. Chavoz)                                                                  203
  • M’Bokolo (E.), Truddaïu (J.), org., Notre Congo /
    Onze Kongo
    (F. Schurmans)                                             206
  • Nash (M.), ed., Red Africa : Affective Communities and
    the Cold War
    (E. Bertho)                                                 209
  • Nyela (D.), La Filière noire : dynamiques du polar
    « made in Africa »
    (P. Leroux)                                         212
  • Ranaivoson (D.), Rosier (J.-M.), dir, Chroniques
    des Îles du vent
    (M. Le Lay)                                             214

Revues

  • Éthiopiques, n°99 (P. Halen) 215
  • Littérature sans filtre, n°2 (M. Le Lay) 216
  • La Plume vivante, n°2 (M. Le Lay) 218

Note bibliographique

  • Césaire(A.), The Complete Poetry : Bilingual Edition
    (D. Delas)                                                                    219

 

24 juillet
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Sommaire du n°45 – Henri Lopes, lectures façon façon-là

DOSSIER

Henri Lopes, lectures façon façon-là

Textes réunis par Anthony Mangeon

Henri Lopes a cinquante ans ! (Anthony Mangeon)                     9

Un art du roman démocratique ? Effets de miroir et lieux communs dans l’œuvre d’Henri Lopes (Anthony Mangeon)                                13

Mobilités de l’œuvre : exils, errances et retours
(Catherine Mazauric)                                                                       29

L’histoire et son traitement dans l’œuvre d’Henri Lopes
(Bernard Mouralis)                                                                          51

Esthétique, politique et éthique du personnage :
le métis dans l’œuvre romanesque d’Henri Lopes
(Sylvère Mbondobari )                                                                    69

Henri Lopes, anti-« parrain » de la phratrie congolaise
(Céline Gahungu)                                                                             85

Sculpter la matière, écrire le monde : entretien avec
Henri Lopes (entretien réalisé par Céline Gahungu)                103

Extrait des carnets de Sony Labou Tansi                                      115

Femmes congolaises et subterfuges d’une vie sur
l’autre rive (Réassi Ouabonzi alias Laréus Gangoueus)            117

Le Méridional, un roman hanté par la génétique
(Nicolas Martin-Granel)                                                                  123

Bibliographie (constituée par Bo-Hyun Kim)                          149

À propos du décolonial

  • La formation de la pensée décoloniale (Adélia da Silva Mathias) 169
  • Quelques observations critiques (Sarah Burnautzki) 174

Varias

  • (Re)cartographies poétiques et imaginaire diasporique :
    une lecture de l’Atlantique noir à partir d’un Arc-en-ciel
    pour l’Occident chrétien
    , Changó el gran putas et The Salt
    Roads
    (Marine Cellier)                                              179
  • Écriture, voyage et (con)quête dans Dahij de
    Felwine Sarr (Alioune Diaw)                                   199

Comptes rendus

  • Allen-Paisant (J.), Théâtre dialectique postcolonial :
    Aimé Césaire et Derek Walcott
    ( Boizette)                        212
  • Andersen (F.), The Dark Continent ? Images of Africa in
    European narratives about the Congo
    (K. Tidmarsh)              213
  • Bahsoun (J.), L’Islam dans les littératures francophones du
    Maghreb et du Moyen-Orient
    ( Agoun Perpère)                 215
  • Beck (R.M.), Kresse (K.), dir., Abdilatif Abdalla : Poet
    in Politics
    (N. Carré)                                                      218
  • Brézeault (É.), Johnson (E.), eds., Memory as
    Colonial Capital
    (K. Ferreira-Meyers)                              220
  • Calle-Gruber (M.) et alii, dir., Écritures migrantes du
    genre (
    Cellier)                                                        223
  • Castaing (A.), Gaden (É.), dir., Écrire et penser le genre
    en contextes postcoloniaux
    (S. Medouda)                              226
  • Cepitelli (T.) et alii, dir., Arts, négritudes et métamorphoses identitaires (C. Oikonomopoulou)  227
  • Curran (A.S.), L’Anatomie de la noirceur (P. Boizette)      229
  • Depestre (R.), Bonsoir tendresse (D. Ranaivoson)              230
  • Duboin (C.), Raynaud (C.), dir., African Americans
    and the Black Diaspora
    (T. De Raedt)                               233
  • El Naggare (M.), Traces d’enfance (M.L. Mouloungui)    235
  • Fink (Katharina) et alii, dir., FAVT : Future Africa
    Visions in Time
    (E. Bertho)                                              237
  • Guerrier (W.T.), Réhabilitation d’un poète haïtien :
    Etzer Vilaire
    (K. Ferreira-Meyers)                                    240
  • Halen (P.), Paravy (F.), dir., Littératures africaines
    et spiritualité
    (P. Sanon)                                              242
  • Jaomanoro (D.), Œuvres complètes (B. De Meyer)           245
  • kasongo mulenda kapanga, The Writing of the
    Nation
    (S. Gehrmann) 246
  • Konkobo (C.), La Pratique du théâtre moderne au
    Burkina Faso
    (A. Desgranges)                                          248
  • Malela (B.B.) et alii, dir., Les Littératures francophones
    de l’archipel des Comores
    (D. Ranaivoson)                          250
  • mambwini kivuila-kiaku (J.), nsuka nkoko (J.-B.),
    L’Afrique vue par les Romains (M. Mengue)                        253
  • mehta (B.), mukherji (P.), dir., Postcolonial Comics
    (M. Arnold)                                                                  254
  • Monnier (J.-E.), Profession explorateur : Alfred Grandidier
    1836-1921
    (D. Ranaivoson)                                             258
  • Mourre (M.), Thiaroye 1944 (E. Bertho)                         260
  • Müller (B.) et alii, éd., Le Terrain comme mise en scène
    (Y.M. Ndong Ndong)                                                    262
  • Ndaliko Rivers (C.), Necessary Noise ( Le Lay)            264
  • Nouwligbèto (F.), Théâtre béninois : logiques
    marchandes et enjeux esthétiques
    (A. Desgranges)                268
  • PintoRibeiro (A.), África, os Quatro Rios ( Vilar)          270
  • Roy (M.), Textes fugitifs : le récit d’esclave au prisme
    de l’histoire du livre
    ( Munguía Aguilar)                          271
  • Schreier (L.), éd., Gens de couleur dans trois vaudevilles
    du xixe siècle
    (N. Brucker)                                               273
  • Van Den Avenne (C.), De la bouche même des indigènes
    (N. Carré)                                                                    276
  • Vierke (C.), Greven (K.), dir., Dunia Yao :
    Utopia / Dystopia in Swahili Fiction
    ( Aiello)                  278

Revues

  • Apulée, n°3 (E. Bertho) 280
  • Éthiopiques, n°98 (P. Halen) 282
  • French Studies in Southern Africa , n°47 (P. Halen) 284
  • Ponti / Ponts, n°17 (P. Halen) 285
  • Présence francophone, n°89 (P. Halen) 287

Thèses soutenues en 2017

  • Sabine Aka Koffi (Univ. Sorbonne Nouvelle – Paris 3) 289
  • Maxwell Chilembwe (Univ. du KwaZulu-Natal) 289
  • Sandra Federici (Univ. de Lorraine / Univ. degli Studi
    di Milano) 290
  • Tite Lattro (Univ. Félix Houphouët Boigny à Abidjan) 291
  • Élodie Malanda (Univ. Sorbonne Nouvelle – Paris 3) 291
  • Sabrina Medouda (Univ. Toulouse 2) 292
  • Mathusalem Nganga Mienanzambi (Univ. de Dschang) 293
  • Romuald Valentin Nkouda Sopgui (Univ. d’Aix-Marseille) 294
  • Tal Sela (Univ. de Strasbourg / Univ. de Tel-Aviv) 294
  • Teresa Solis (Univ. de Paris Ouest Nanterre) 295

 

09 mai
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La littérature nigériane: état des lieux – Programme

Journée d’études 2018 : La littérature nigériane – état des lieux

Date: Vendredi 14 septembre 2018

Lieu : Université de Sorbonne nouvelle – Censier, Paris

 

Communications : 20mn suivies de Q&R 10mn

 

9h-9h30         Accueil

 

9h30-10h       Introduction aux littératures nigérianes (F. Ugochukwu)

 

10h-10h30     COURTOIS Cédric

Narrer le développement nigérian : panorama sur le Bildungsroman nigérian écrit en anglais depuis les années 2000 / Narrating Nigerian Development/Bildung: An Overview of the Nigerian Bildungsroman written in English since 2000

 

10h30-11h     FIOUPOU Christiane

Les « classiques » nigérians et leurs avatars : roman et polar

11h-11h30     Pause

 

11h30-12h     GBAGUIDI Célestin & AHOSSOUGBE Franck

Interrogating the Historical and Cultural Context of Chinua Achebe’s Things Fall Apart

 

12h-12h30     WANJALA Alex Nelungo

Changing Times, Changing gods; Achebe’s Arrow of God and Ndibe’s Foreign Gods Inc as a Depiction of Transformation in Nigerian Society

 

12h30-14h     Repas

 

14h-14h30     KOUTCHADE Innocent Sourou

Analysing the ethnography of communication in Wole Soyinka’s Alapata apata: a sociolinguistic and functional perspective

 

14h30-15h     GOUBALI-TALON Odile

D’Amanda N. Adichie (For Love of Biafra, 1998) à Chimamanda Ngozi Adichie, (Half of a Yellow Sun, 2006): a journey of self-discovery

 

15h-15h30     DIABANGOUAYA Célestin

Le prix de la liberté dans Night Dancer, On Black Sisters’ Street et Waiting for an Angel de Chika Unigwe et Helon Habila

 

15h30-16h     UGOCHUKWU Françoise

Ulasi – Le pidgin pour un dialogue de sourds

 

16h-16h30     Clôture

17h30             Assemblée Générale

17 avril
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Archives mémorielles, traces matérielles

Colloque 2019

Aix-en-Provence, 25-27 septembre 2019

organisé par l’EA 4235 CIELAM (Aix Marseille Université), en partenariat avec l’IMAf (UMR 8171 Institut des mondes africains), LAM (UMR 5115 Les Afriques dans le monde) et les Archives nationales d’outre-mer (ANOM)

Appel à communications

 

Archives matérielles, traces mémorielles & littératures des Afriques

Le lien de la littérature au passé constitue une préoccupation constante de l’APELA dont témoignaient les journées « Littératures africaines et Histoire » (Nanterre, 1989) et « Lieux de mémoire africains » (Paris XIII, 1998). Plus récemment, la journée « Tranches d’histoire » organisée à l’UPEC en 2014 a porté sur l’historiographie des littératures africaines, tandis que le colloque de Bordeaux « Archive, texte, performance » s’attachait plus spécifiquement en 2013 aux relations entre archive et performance (archiver la performance, performer l’archive) telles que les littératures et les arts des Afriques offrent de les penser. En envisageant aujourd’hui de concert archives matérielles et traces mémorielles, il s’agira moins de reconduire sans autre interrogation l’opposition entre histoire et mémoire que d’envisager la contribution des littératures africaines (incluant notamment l’Afrique méditerranéenne) et des diasporas à la reviviscence des archives et à leur circulation, tout comme à l’inscription des traces mémorielles et à leur historicisation.

D’emblée, par sa matérialité et sa dimension multiforme et hybride, l’archive interroge les cloisonnements disciplinaires. Récits, cartes, photographies, correspondances privées, de toute évidence, l’archive nous force à un décloisonnement des savoirs et à une pratique de l’indiscipline (Suchet, Loty). À la lisière de l’histoire, de l’anthropologie, de la littérature ou encore de l’histoire des arts, l’archive est un matériau total qui appelle à l’ouverture disciplinaire que ce colloque entend pratiquer.

 

 

  1. Archives matérielles

Deux types d’archives peuvent être envisagés. D’une part les fonds d’archives existants, qu’ils soient déposés dans des lieux publics ou qu’il s’agisse d’archives privées, que peuvent mobiliser et utiliser des écrivains, mais également les fonds d’archives que ces derniers peuvent constituer à leur fins propres, pour leur travail d’écriture. D’autre part, les archives d’écrivains dans un sens génétique, que constituent les différents écrits préparatoires et les différentes étapes d’écriture d’un manuscrit.

Dans une perspective d’historiographie des littératures, mais aussi d’établissement des bases matérielles d’une étude objectivante des relations entre littérature et histoire, il paraît important de pouvoir procéder à un travail de localisation, repérage, inventaire et analyse des fonds d’archives, que ces dernières soient textuelles, iconiques ou sonores, qu’il s’agisse d’archives coloniales ou plus récentes, de fonds publics ou privés, qu’elles soient actuellement numérisées ou non, accessibles sur la toile ou non.

 

A/ Usages des archives

Les littératures africaines se sont souvent nourries des archives. À la différence de l’historien, le romancier n’est toutefois pas tenu à l’exactitude de la citation de ses sources, entretenant un rapport beaucoup plus libre à l’archive de l’ordre de l’inspiration, de l’allusion, voire de simple recours à un support pour la rêverie poétique. Avec quelles modalités ces intrusions de l’archive s’effectuent-elles en littérature ? De quoi l’archive y est-elle la trace ? Quelle poétique de l’archive peut-on élaborer dans les littératures africaines ? Y a-t-il des limites éthiques à ces usages affranchis des archives et si oui quelles seraient-elles ?

Ayant recours à l’archive, les écrits littéraires « s’emparent d’un souvenir » (Benjamin) et contribuent à l’élaboration collective d’un récit historique à portée politique le plus souvent. Comment la remise au jour et la réinvention de figures oubliées contribuent-elles à des politiques de la mémoire à différentes échelles ? Et comment l’archive sensible (Basto, Marcilhacy, 2017) met-elle en oeuvre la critique d’un savoir comme vérité unique ? Aux côtés des archives institutionnelles (administratives, de santé…), la myriade des archives privées (Guidi, Rillon) ou des « archives hors les murs » (Fouéré) pose également la question de la littérarité des archives personnelles : les archives de l’intime, l’autographie constituent des faits d’écriture importants en Afrique, mais qui ne sont le plus souvent interrogés qu’en histoire et sous l’angle de leur apport documentaire. Or l’édition de ces récits de vie forme aussi, adossée à celle des supports matériels de conservation des archives (malles, cantines, carnets…), une question littéraire d’inscription de l’intime et d’écriture de soi.

 

B/ Génétique et archives

La localisation en Europe des archives d’écrivains africains pose en outre de nombreux problèmes d’accessibilité pour les chercheurs. Inversement en Afrique, pour celles qui y sont demeurées leur conservation n’est pas sans soulever des questions pratiques et techniques d’importance. La question de la conservation et de l’accessibilité présente ou future des fonds d’archives d’éditeurs se pose également. En génétique, des travaux analysent actuellement les usages et réutilisations des archives personnelles par des écrivains qui dans leur pratique d’écriture, à l’instar de Sony Labou Tansi, créent en se récrivant incessamment. Cette poétique de la réécriture où l’archive personnelle devient un document pour sa propre réélaboration doit être interrogée. D’autres travaux mettent en évidence, grâce à l’étude des archives, des éléments de l’histoire des œuvres jusqu’alors méconnus des chercheurs (Corcoran, Delas, Ekoungoun, 2017). Or la diversité matérielle des archives d’écrivains (scripturale, sonore, iconique, papier ou numérique) pose à cet égard, tout comme les procédures de reproduction, des enjeux cruciaux.

 

  1. Traces mémorielles

 

A/ Traces mémorielles, traces effacées de vies minuscules

L’archive touche une problématique particulièrement littéraire : celle de la trace de l’intime. L’archive constitue le signe d’une « vie minuscule ». Ce que Carlo Ginzburg nommait la « trace », l’« indice » correspond à des biographies dont la littérature s’attache à reconstituer les parcours, voire à souligner les vides et les creux. Quelles vies minuscules sont interrogées dans les archives dès lors qu’elles sont abordées selon le paradigme indiciaire au sein duquel l’absence fait aussi trace ? Que disent et que font les littératures africaines des traces de l’intime ? Comment s’y nouent les articulations entre l’intime et le collectif ? Le récit peut-il prendre la place de ce qui a été radicalement effacé, voire plus encore, nié ? Ces questions se posent notamment dans les sociétés post-traumatiques et les temps post-génocidaires, quand le récit invente la trace de ce qui n’avait pu en laisser. La trace mémorielle peut aussi faire l’objet d’une élaboration voire d’une perlaboration dans le cadre d’un « atelier de mémoire » et de « cahiers de mémoire » (Prudhomme, 2017). Quelle contribution la littérature apporte-t-elle à ces entreprises et quelles seraient les limites de cet apport ?

 

B/ Le travail de rappel de la littérature

Dans La Mémoire, l’histoire, l’oubli (2000, 47) Ricœur reprend la tripartition de Casey distinguant le rappel (Reminding) de la reviviscence (Reminiscing) à travers la mémoire méditative (Gedächtnis) et enfin de la reconnaissance (Recognizing), complément du rappel comme re-présentation du souvenir. La rémanence mémorielle est l’enjeu de tensions soulevées par certains entre littérature et histoire, et nouées dans la relation à la trace matérielle vs. mémorielle. Ricœur (2000, 49) estime classiquement que « les lieux “demeurentˮ comme des inscriptions, des monuments, potentiellement des documents, alors que les souvenirs transmis par la seule voix orale volent comme le font les paroles ». Inversement, Alexie Tcheuyap (2006) estime que l’archive historique est de nature à « séquestrer » la mémoire. Quant à Tahar Djaout (1988, 27), il écrivait percevoir dans l’histoire une forme d’« usurpation » : l’auteur des Chercheurs d’os (1984) dénonçait ainsi l’empire voire l’emprise de la mémoire collective ou communautaire sur la trace personnelle et sa réactivation.

Mais la littérature ne constitue-t-elle pas justement une médiation offrant un échappatoire à la dichotomie entre présence matérielle des documents et volatilité des traces mémorielles ? De ce point de vue, quels peuvent être les rôles et modalités de transmission renouvelés à travers les littératures orales ? Comment les traces linguistiques – des langues africaines dans les textes littéraires europhones et inversement, mais aussi des processus linguistiques eux-mêmes (Van den Avenne, 2017) – opèrent-elles à titre d’archives mémorielles du texte ? En quoi et comment le texte littéraire se constitue-t-il en archive des langues, des discours et en palimpseste mémoriel ?

On pourra également envisager les formes de récit comme processus de remémoration depuis les traces, à travers notamment le genre des mémoires et autres genres mémoriels le plus souvent hybrides, et se demander quand d’autres formes de récit doivent suppléer au défaut de l’écriture, ainsi lorsqu’il s’agit d’inscrire une autre forme de trace, sur les lieux.

 

C/ Traces des mobilités, mobilités des traces

Les lieux de mémoire recueillant le dépôt des traces ne sont pas de nature exclusivement topographique. De même que les archives peuvent être lacunaires ou encryptées, les traces font l’objet de délocalisations et de relocalisations, ainsi que le rappelle l’archéologie des migrations (Garcia, Le Bras, 2017). L’inventaire des traces des migrations et leur analyse recomposent ainsi des circuits inversés et/ou complexes. On peut considérer les archives comme des traces matérielles qui auraient migré vers leurs lieux de conservation, particulièrement nombreux et significatifs pour l’Afrique en région PACA. Le colloque portera attention aux traces mémorielles des migrations et à leurs inscriptions en littérature : inscriptions de traces culturelles (cuisine, musiques, architecture…) dans les textes, diasporas africaines sur d’autres continents, migrations africaines hors du continent, et notamment de l’autre côté de la Méditerranée, en région PACA, mais aussi migrations et diasporas sur le continent, dans leurs aspects littéraires ou la recomposition et la réinvention littéraires de traces de diasporas qui en ont a priori peu déposé dans l’histoire culturelle.

 

Archives matérielles et traces mémorielles relèvent enfin d’une poétique double. L’archive constitue une trace matérielle, « l’apparition d’une proximité, quelque lointain que puisse être celui qui l’a laissée » (Benjamin, 2009), tandis que l’aura dont dispose la trace mémorielle signe « l’apparition d’un lointain, quelque proche que puisse être celui qui l’évoque » : « avec la trace, nous nous emparons de la chose ; avec l’aura, c’est elle qui se rend maîtresse de nous[1] ». En quoi et comment les littératures africaines et leurs lectures illustrent-elles ce double mouvement ? Mais cette dualité a aussi vocation à être revisitée, contestée ou révisée. La collecte et la récolte des traces, parfois des débris dédaignés voire perdus, constitue en outre une « protestation contre le typique et le classifiable » (Benjamin) : quels agencements, quels dispositifs littéraires configurent les documents de manière à ce qu’y subsiste ou s’y reforme une trace mémorielle potentiellement transmise ? en quoi peuvent-ils receler une insurrection contre le catalogage et les classifications des discours scientifiques ?

 

Ouvert à l’ensemble des Afriques, subsahariennes mais aussi notamment méditerranéenne, ainsi qu’aux diasporas, tout comme aux comparaisons avec d’autres ensembles de littératures construites par la « situation coloniale » (Balandier, 1951), ce colloque entend interroger, à travers un dialogue interdisciplinaire, poétiques, réécritures, circulations et usages des archives et des traces en littérature en langues européennes comme en langues africaines. Il accueillera les communications de spécialistes des études littéraires mais fera aussi une place significative à celles d’archivistes et spécialistes de la conservation des archives, d’historiens, d’anthropologues, d’artistes et spécialistes des arts de la scène, de l’image et du son, en particulier lors de panels « indisciplinés ». Il souhaite également proposer un work in progress sur les usages de l’archive grâce à la présence et la collaboration d’artistes et d’écrivains.

 

Les propositions de panels ou de communications (titre et résumé d’une demi-page maximum) sont attendues pour le 15 juin 2018 au plus tard, accompagnées de vos nom, prénom et affiliation, à adresser conjointement à

catherine.mazauric [at] univ-amu.fr et

e.bertho [at] sciencespobordeaux.fr

 

Réponses du comité scientifique : à partir du 16 juillet 2018

Comité d’organisation :

Elara BERTHO, LAM, Bordeaux

Catherine MAZAURIC, CIELAM, Aix Marseille Université

Henri MÉDARD, IMAf, Aix Marseille Université

Anouchka Stevellia MOUSSAVOU NYAMA, CIELAM, Aix Marseille Université

Marjolaine UNTER ECKER, CIELAM, Aix Marseille Université

Cécile VAN DEN AVENNE, Clesthia, Sorbonne nouvelle

 

[1]                Walter Benjamin, Paris, capitale du xixe siècle, Paris, éd. du Cerf, 2009, p. 464.

08 mars
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Sommaire du n°44

DOSSIER

Africains… et américains ?

Textes réunis par Anthony Mangeon et Claudine Raynaud

Africains… et américains ? Miroirs et mirages de l’identité
noire au xxie siècle (2000-2016) (Introduction)
(Anthony Mangeon et Claudine Raynaud)                                   7

Harlem, cœur mythique de l’Amérique noire, revisité dans
Nègre de personne de Roland Brival (Charles W. Scheel)             15

Talking to James Baldwin : Alain Mabanckou’s Jimmy
(Bill Schwarz)                                                                       31

Between the World and Black People : lire Ta-Nehisi Coates avec Alain Mabanckou et Marvel Comics (Abdoulaye Imorou)           41

Biofiction à la première personne : La Rose dans le bus jaune d’Eugène Ébodé (Claudine Raynaud)                                        57

Questions à Eugène Ébodé (entretien réalisé par Claudine Raynaud)            73

La Divine Chanson : les musiques funambules ou Papa Legba
aux carrefours des continents (Jean-Christophe Delmeule )       79

African and American Selves : « Contact Zones » in All Our
Names
by Dinaw Mengestu (Corinne Duboin)                           95

L’afropolitanisme au féminin : une déterritorialisation des
lieux communs ? (Florian Alix )                                            113

À propos de Postcolonial Life Narratives :
Testimonial Transactions
de Gillian Whitlock
           129

  • Regards croisés sur le témoignage (Maëline Le Lay,
    Virginie Brinker et Ophélie Rillon) 131
  • Récits de vie : un essai de bilan et une interrogation méthodologique (János Riesz) 144

Varias

  • « Le deuxième livre de l’ethnographe » africaniste :
    de Michel Leiris à Valentin Yves Mudimbe
    (Yannick-Martial Ndong Ndong) 155
  • Entretien avec Eyoum Ngangué (réalisé par
    Sandra Federici) 173

Comptes rendus

  • Adabra(K.), L’Œuvre journalistique de Mongo Beti
    (Kombila M.)                                                                193
  • Arnold(M.), La Littérature mauricienne contemporaine ( Ranaivoson)         196
  • Aoudjit(A.), Algerian Literature (T. Leperlier)               198
  • Aterianus-Owanga(A.) et al., dir., ARTchives
    (E. Bertho)                                                                   201
  • Ayaovi Xolali Moumouni-Agboké(R.), Les Créations
    lexicales dans le roman africain
    ( do Carmo Botaro)         203
  • Begenat-Neuschäfer(A.) et al., dir., La Question de
    l’auteur en littératures africaines
    ( Hounfodji)                 205
  • Bentouhami-Molino(H.), Race, cultures et identités ( Vassiliki) 207
  • Burnautzki(S.), Les Frontières racialisées de la littérature francophone (B. Mouralis)      210
  • Cosker(C.), Petite histoire des lettres francophones
    à Mayotte
    ( Oikonomopoulou)                                213
  • Couti(J.), Dangerous Creole Liaisons (T. Harpin)              214
  • Degon(É.), Williams Sassine : itinéraires d’un indigné
    guinéen
    (C. Mazauric)                                                    216
  • Diop(E.H.I.), Racialité et rationalité (J. Riesz)                218
  • Douxami(C.), Le Théâtre noir brésilien (M. Le Lay)          221
  • Durand(J.-F.) et al., dir., Les Nouveaux Mondes
    coloniaux (
    M. Ndong Ndong)                                  224
  • Emenyonu N.(E.) et al., eds., Diaspora & Returns
    in Fiction
    ( Ferreira-Meyers)                                       228
  • Falola(T.) et al., dir., Writing the Nigeria-Biafra War
    ( Gehrmann)                                                              230
  • Fanon(F.), Écrits sur l’aliénation et la liberté
    ( Mazauric)                                                                232
  • Fournet-Guérin(C.), L’Afrique cosmopolite (X. Garnier) 234
  • Goerg(O.), Fantômas sous les tropiques
    (P. Van Schuylenbergh)                                              236
  • Jago-Antoine(V.) et al., dir., Dits de la nuit
    (M.L. Mouloungui)                                                        240
  • Lecomte(F.), dir., Théâtre & réconciliation (M. Le Lay)   242
  • Lüsebrink(H.-J.) et al., Villes coloniales / Métropoles
    postcoloniales
    (B.B. Malela)                                             246
  • Mabiala Mantuba-Ngoma(P.) et al., dir., La Société
    congolaise face à la modernité
    (P. Halen)                            249
  • Mangeon(A.), dir., L’Empire de la littérature ( Suchet) 251
  • Marie(A.) et al., Pas d’animaux : de la bête en
    littérature-monde
    (N. Chavoz)                                          253
  • Memmi(A.), Penser à vif : de la colonisation à la laïcité
    ( Bertho)                                                                   255
  • Miampika(L.W.), dir., África y escrituras periféricas
    ( Mvondo)                                                                257
  • Ngandu-Nkashama(P.), Portraits d’écrivains (D. Delas) 259
  • Ndiaye(S.), « Wer schreibt, handelt » (E. Dorn)                261
  • Ngugi wa Thiong’o, Secure the Base : Making Africa
    Visible in the Globe
    (P. Boizette) 263
  • Peterson(D.R.) et al., eds., African Print Cultures
    ( Thierry)                                                                 265
  • Ranaivoson(D.), Assia Djebar, « L’Amour, la fantasia »
    (A.S. Moussavou Nyama)                                               267
  • Ruhe(E.), Aimé Césaire dans les pays germanophones
    (D. Delas)                                                                    269
  • Semujanga(J.), Narrating Itsembabwoko (P. Boizette)        270
  • Shepard(T.), Mâle décolonisation : l’homme arabe et
    la France
    (D. Delas)                                                       272
  • Taboye(A.), Panorama critique de la littérature tchadienne
    en langue française
    (B. Barka)                                          274
  • Ugochukwu(F.), Bribes d’une vie nigériane (Etsè Awitor) 276
  • Vögele(H.) et al., dir., From Tana River to Lake Chad
    (J. Riesz)                                                                      277
  • Yee(J.), The Colonial Comedy ( Ferreira-Meyers)          280

 

  • Revues
  • éthiopiques, n°97 (D. Delas) 282
  • Présence francophone, n°88 (P. Halen) 282
  • Nouvelles Études Francophones, vol. 32, n°1 (P. Halen) 283
  • nDu côté des éditeurs
  • La collection Céytu (A. Chaudemanche) 285
  • Au catalogue des Éditions Nzoi (M. Le Lay) 286
  • Une salve du Pangolin (P. Halen) 287